Mirages - Les âmes boréales
La compagnie des frères, Christian et François Ben AÎm a été créée il y a une vingtaine d'année, en 1999. Plusieurs chorégraphies ont été élaborées, la première en 1997 intitulée A l'abri du regard des Hommes, avant d'aller mourir ailleurs. Leurs deux chorégraphies emblématiques représentent l'univers de Bernard-Marie Koltés, Carcasses, un œil pour deux et En plein cœur. En 2018, ils créent l'œuvre contemporaine Mirages - Les âmes boréales, qui traite de la fonte des glaces et de l'impact de l'Homme sur celle-ci.
Mirages - Les âmes boréales est une chorégraphie contemporaine de 40 minutes qui aborde le sujet du réchauffement climatique et plus particulièrement la fonte des glaces du Grand Nord. C'est un sujet qui a toujours été d'actualité, et l'est encore plus aujourd'hui, car la société se rend enfin compte du danger que cela représente. C'est une chorégraphie dont le monde sonore nous plonge encore plus dans cet univers glacé mais aussi sans histoire définie, cela nous pousse à imaginer notre propre histoire et à nous poser des questions.
Cette œuvre se développe en plusieurs parties, nous assistons au temps qui avance en regardant le grand glacier du décor qui diminue petit à petit. Nous voyons la conséquence du réchauffement climatique pendant tout le déroulement de la pièce.
Au tout début du spectacle, nous apercevons les deux danseurs, cachés derrière un iceberg agissant comme des animaux polaires, tels que des phoques ou bien des ours blancs dans leur habitat naturel. Ils se cachent derrière la glace pour réapparaître peu après de l'autre côté les uns après les autres, comme s'ils jouaient entre eux et que tout allait bien. Ils restent dans cet espace glacé et n'en sorte pas une seule fois dans cette scène, comme s'ils aimaient vraiment être ici et ne voulaient pas que cela change. Cette gestuelle représente donc les animaux polaires et leurs façons d'évoluer dans leur élément avant que l'Homme le transforme et le détruise petit à petit comme nous pourrons le voir dans la suite de la chorégraphie.

Dans une seconde scène un peu plus au milieu du spectacle, nous apercevons une femme qui évolue dans l'élément de décors représentant un igloo à l'avant de la scène. Elle est d'abord seule, puis elle est rejointe par une sorte de boule lumineuse qu'elle essaye d'éviter, quand cette lumière se déplace vers elle, la danseuse l'esquive avec son corps pour ne pas la toucher et comme si elle en avait peur. Mais par la suite, elle agit comme si cette boule la fascinait et qu'elle ne voulait pas empêcher son évolution. La boule avance et la femme disparaît pour ne faire qu'un seul avec l'igloo qui lui se déplace petit à petit de l'autre coté de la scène en étant de plus en plus petit, comme s'il fondait. Cette gestuelle traduit le propos chorégraphique car cette boule lumineuse pourrait représenter la pollution et la fonte de l'igloo son impact sur le Grand Nord.
Tout au long du spectacle nous apercevons une grande toile blanche représentant de la glace. Dessus sont projetées des formes en relief qui nous révèlent des montagnes enneiger pour nous plonger dans l'univers glacé. Durant toute la chorégraphie, cette immense toile se réduit face à l'action des Hommes. À la fin de la représentation et pendant un long moment, cette toile tombe pour se poser au sol et marquer la fin du spectacle mais aussi montrer jusqu'où l'action de l'Homme est capable d'aller.

J'ai trouvé cette chorégraphie très intéressante mais aussi très difficile à comprendre. Son propos m'a beaucoup plu car c'est une cause que je soutiens mais il ne m'a pas plus transporté que cela. L'univers était très bien retranscrit dans la scénographie, dans les costumes et dans la gestuelle des danseurs mais le propos était très abstrait et faisait beaucoup appelle à l'imagination.
Le public était très jeune mais ce spectacle convient à tout âge car il parle d'un sujet d'actualité et qui touche les générations passées et futures. Ce duo de danseurs était très touchant et transmettait très bien les émotions de la chorégraphie, le froid, la peur et la destruction qui touche cette univers petit à petit.