"L'urgence d'agir" Maguy Marin
I. Biographie.
Maguy Marin, ou Marguerite Marin, est née le 2 juin 1951 à Toulouse, d'un père issu d'une famille pauvre et d'une mère d'une famille bourgeoise. Son père était un homme violant, sévère, qui voyait pour sa fille une vie de mère au foyer. Maguy Marin refusait cette idée, c'est une femme indépendante qui ne veut pas se soumettre aux hommes. Plus tard, elle monte à Paris accompagnée de sa grande sœur pour commencer à vivre de sa passion : la danse.
Maguy Marin a étudié la danse classique au conservatoire de Toulouse. Elle est entrée ensuite au ballet de Strasbourg, puis à rejoint l'École Mudra en 1970 à Bruxelles, c'est une école pluridisciplinaire où il est difficile d'entrer. Elle sera soliste quatre années pour le Ballet du XXe siècle sous la direction de Maurice Béjart, et tente ses premières expériences de chorégraphie. En 1978, elle est encore à Bruxelles et travaille avec Daniel Ambash, son activité créatrice prend une plus grande ampleur, spécialement après avoir obtenu le prix du Concours chorégraphique international de Bagnolet en 1978. Elle est aujourd'hui reconnue en tant que danseuse et chorégraphe avec un parti pris et un style qui lui est propre. Le film « L'urgence d'agir » est réalisé par son fils David Mambouch et raconte son histoire ainsi que celle de son œuvre mondialement connue May B (1981).

II. Œuvres et parti pris.
Les œuvres de Maguy Marin sont dictées par sa vision du monde et de son parti pris. C'est une artiste engagée qui veut montrer ce que les gens ne sont pas forcément prêt à voir et c'est pour cela que la plupart de ses chorégraphies sont mal reçues par le public. Elle exploite ses expériences personnelles, comme la perte de son enfant, son goût pour les corps âgés et fragiles pour créer des chorégraphies uniques. Elle est révoltée par la beauté des corps que les ballets montrent en excluant les autres. Elle met en scène des problèmes de société actuelle, comme les inégalités des classes sociales, le féminisme, ou encore le rapport aux corps, au sexe.
De 1976 à 1980, elle crée neuf chorégraphies différentes. Évocation en 1977, L'adieu en 1978, La jeune fille et la mort en 1979 ou encore Réveillon en 1980.
De 1981 à 1985, elle chorégraphie six œuvres dont May B en 1981, Babel Babel en 1982 ou encore Cendrillon en 1985 pour les danseurs de l'Opéra Garnier. Elle actualise le compte de fées d'origine et fait de la princesse une femme qui refuse son destin comme elle a refusé le sien au près de sa famille.
De 1986 à 1990, elle représente sept chorégraphies, comme Eden en 1986, Coups d'états en 1988 ou encore Eh qu'est-ce que ça m'fait moi !? qui traite de la Révolution Française au temps actuelle et raconte l'histoire des hommes et des femmes.
Maguy Marin continua de créer des œuvres chaque année, certaines devenues célèbres, comme Radam en 1995, Point de fuite en 2001 ou HA !HA ! En 2006. C'est une chorégraphe engagée dans sa société et qui fait de son mieux pour changer l'image de la danse.

III. L'œuvre May B (1981).
Cette chorégraphie est le sujet principal du film et l'œuvre la plus connue de Maguy Marin. Cette pièce conçue pour 10 danseurs, mais chaque rôle est unique et investit dans le personnage qu'il représente. Avec May B, la chorégraphe met en scène des corps abîmés par le temps, par la vie, recouverts d'argile pour montrer un « effritement ». Elle détourne la danse classique et montre que le corps, en faisant son chemin, reste beau. Pour cette œuvre, elle s'inspire de la pièce En attendant Godot (1952) de l'écrivain dramaturge Samuel Beckett.

Les corps sont sales « corps tordus » « grotesque » « puiser de la vie quotidienne ». Elle fait également référence au sexe et à la masturbation dans cette chorégraphie, elles choquent le public et sont d'ailleurs censurées en Palestine. Le fond sonore est intimidant, strident. Il est constitué de rires sarcastiques des danseurs, de silences, de phrases incompréhensibles qui montrent l'incapacité de s'exprimer, des bruits de pas, de déambulateurs, de cris. C'est une atmosphère étouffante, qui met mal à l'aise et qui pourtant reflète une part de vérité.
Pour créer cette chorégraphie, Maguy Marin est allée à la rencontre de personnes handicapés, en sous-alimentation. Elle observe les gens dans leur vie quotidienne, quand ils partent au travail, quand ils marchent dans la rue. Elle forme un univers artistique par rapport au monde qui nous entoure.
La chorégraphe a fait le choix d'offrir les droits de May B à la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues qui tient une école de danse libre du Brésil, tout le monde peut y entrer. Ceci à pour but que la chorégraphie créée des projets humanitaires.
