La Judson Dance Theater - Tess Lafrontière
La Judson Dance Theater est un collectif qui se met en place dans les années 1960, donc dans des contextes sociaux et politiques particuliers. Ils sont en pleine Guerre Froide entre l'URSS et les États-Unis. C'est une guerre indirecte qui met tous les pays sous tensions et les populations ont très peur.
Il y a le problème de la ségrégation raciale, qui émerge directement de la colonisation et de la White Supremacy, le suprémacisme blanc, ou l'idée que les blancs seraient supérieurs . C'est la séparation, la mise à l'écart intentionnelle d'un groupe de personnes sur la base de critères racistes, en l'occurrence, des noirs.
L'apparition des banlieues, elles aussi séparées entre couleur de peau. Les banlieues noires seraient dangereuses et mal famées, alors que, les banlieues blanches seraient un lieu paisible pour vivre une vie classique. L'homme travaille toute la journée pendant que la femme reste à la maison. On y retrouve donc aussi beaucoup de sexisme.
Cependant, de tout ce contexte compliqué, naît une génération de contre-culture. Ce sont des jeunes qui disent « non » aux préjugés et veulent faire changer les choses. On peut voir l'apparition des Hippies qui vont créer le mouvement Green Peace par exemple.

La Judson Danse Theater a été fondée en 1962 et est un collectif d'artistes pluridisciplinaires, nous pouvions y trouver des danseurs et des non-danseurs mais aussi des musiciens ou encore des amateurs de vidéos. Ils répétaient et se représentaient dans une église protestante la Judson Memorial Church. Le protestantisme est l'une des principales branches du christianisme menée sous l'impulsion de Martin Luther et Jean Calvin, les protestants sont des catholiques simplement qu'ils ne partagent pas toutes les idéologies, par exemple, ils ne croient pas en la Vierge Marie. Le fait de danser dans une église remet en cause la religion, renforce le fait que la Judson Dance Theater remettait en cause, réformait la danse. Le nom de leurs chorégraphies est « Dance off # » suivies du numéro correspondant à celle-ci.
Pour créer, ils utilisent des mouvements de la vie quotidienne qui sont complètement en opposition avec la danse classique. Ils n'ont aucune limite de création ni de scénographie, ils réinventent toutes les idées de la danse. Ils peuvent danser comme ils le souhaitent, complètement nues ou avec des tenues du quotidien mais rien qui soit officiel comme un justaucorps. Le spectateur devient un membre actif de la chorégraphie puisqu'il se place où il le souhaite et participe même des fois pleinement à la représentation.

La plupart des membres de la Judson Dance Theater se sont rencontrés grâce à Anna Halprin, elle est précurseure de ce collectif. À l'origine de plusieurs stages où elle réinvente complètement la danse comme The Dance Deck ou Le Parquet de Dans, qui est un stage en pleine nature. Les activités se rapportent à cette environnement, ils pouvaient danser avec les feuilles tomber au sol ou encore imiter les formes des branches d'arbres avec leurs corps. Ils ne touchent pas à la nature, ils s'en servent pour créer. Ils ne savaient pas forcément ce qu'ils cherchaient à créer ni comment ils allaient le faire mais ils s'appliquaient à le faire. Dans sa danse, il n'y a pas de significations, elle ne cherche pas à revendiquer quelque chose mais simplement à découvrir ce que le corps est capable de faire. Pendant ce stage, ils échangent et parlent beaucoup entre eux, comme une sorte de thérapie qui se rapporte beaucoup au fait qu'Anna Halprin était bouddhiste. En 1959, elle organise un stage où se rencontreront Yvonne Rainer et Merce Cunnigham, deux membres importants de la Judson Dance Theater.

Dans ce collectif, il y a trois artistes qui se démarquent des autres, Yvonne Rainer, Steve Paxton et Lucinda Childs.
Yvonne Rainer est née en 1934 à San Francisco et est la fondatrice de la Judson Dance Theater. Elle est danseuse, chorégraphe et poétesse. Elle va créer énormément de chorégraphies plus originales les unes que les autres, qui rejetteront les codes classiques de la danse. Odinary Dance est une chorégraphie qui jour avec la gravité, Yvonne Rainer se penche, tombe et se relève tout en parlant de sa vie, de son histoire. Cette chorégraphie est féministe car elle prône l'indépendance de la femme puisqu'elle est seule sur scène. Elle va créer un manifeste en 1965, qu'elle appellera No Manifesto où elle va énumérer tout ce que la danse doit arrêter de faire comme « non à la virtuosité », « non à la séduction du spectateur par les ruses du danseur » ou encore « non au fait d'émouvoir et d'être ému ».

Steve Paxton est né en 1939 à Phoenix dans l'Arizona et est lui aussi,le fondateur de la Judson Dance Theater. Il est aussi chorégraphe et danseur mais a fait ses débuts en temps que gymnaste et commencera la danse seulement après l'université. Il va créer le Pédestrian Movement qui est simplement le fait de marcher et d'en faire une chorégraphie. De plus, il va travailler la danse contacte, où vous devez donc prendre conscience du corps qui est en face de vous et lui faire confiance pour mettre tout votre poids dessus.

Lucinda Childls est née en 1940 à New-York. C'est une artiste minimaliste, elle dessine des chorégraphie et deviendra par la suite danseuse et chorégraphe en créant la Judson Dance Theater avec Paxton et Rainer, elle participera ainsi aux travaux de recherches du collectif. Le dessin de sa chorégraphie Carnation qui ressemble au dessin d'une fleur, une couleur représente une personne et le chemin qu'elle doit exécuter. Elle fera ensuite don de ses dessins qui deviendront de véritable œuvres d'art. Lucinda Childs est l'exemple même du fait que dans la Judson Dance Theater, il n'y a pas seulement des danseurs.

En conclusion, la Judson Dance Theater rejette la danse traditionnelle en requestionnant l'esthétique, la revendication et le processus de création. Ils revendiquent la démocratie, l'égalité des artistes et des genres dans leur groupe. De plus, ils expérimentent l'art lié à la vie quotidienne, la notion d'improvisation, ils remettent en cause la place du danseur mais aussi celle du spectateur.